Sommeil et médecine générale

"Dormir peu, dormir mieux, vivre mieux."

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Dépistage de la dépression

"Plus bon à rien, triste, et sans espoir... "

dimanche 26 août 2007, par guilhem


L’inventaire de dépression du pr. Aaron Temkin Beck (psychiatre et professeur émérite de l’université de Pennsylvanie) est un outil couramment utilisé en consultation de médecine du sommeil.

Il permet d’éliminer l’hypothèse d’une pathologie dépressive devant une plainte d’insomnie ou de fatigue avec clinophilie (le besoin de rester allongé).
Lorsque ces plaintes sont secondaires à une psychopathologie avérée comme la dépression ou les troubles phobiques ou obsessionnels, l’avis spécialisé d’un psychothérapeute est indispensable.

Pour plus d’information sur la dépression, téléchargez La brochure d’information de l’INPES : « La dépression, en savoir plus pour en sortir » Pdf. 99 pages), sur Info-dépression.fr.

L’utilisation des médicaments antidépresseurs ne doit pas être intempestive compte tenu de leurs effets parfois indésirables sur l’efficacité du sommeil.
Selon nous, le traitement moderne de la dépression doit savoir prendre en compte les inter-relations étroites qu’elle entretient avec le sommeil.
Voir également l’article "Troubles phobiques ou obsessionnels", pour d’autres questionnaires validés.

Inventaire de Dépression de Beck

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Avertissement :
L’inventaire de Beck n’est pas validée en tant que tel pour établir le diagnostic d’une dépression (qui impose un examen médical).
Il est, par contre, réputé assez fiable pour établir une surveillance et mesurer l’évolution d’une dépression avérée.
En médecine du sommeil, c’est un excellent outil d’élimination d’une dépression même s’il peut s’avérer, selon nous, un peu trop sensible car les limites des formes dites "légères à modérées" de la dépression restent soumises à bien des questionnements.


Voici les 21 thèmes qui semblent symptomatiques d’un état dépressif selon l’inventaire de Beck (sous copyright).
On peut écarter ce diagnostic si l’on n’est pas concerné par les propositions suivantes :
  • Je me sens perpétuellement triste et je n’arrive pas à m’en sortir ;
  • Je me sens particulièrement découragé(e) en pensant à l’avenir ;
  • Lorsque je pense à ma vie passée, je ne vois que des échecs ;
  • Je ne tire plus vraiment de satisfaction de la vie ;
  • Je me sens vraiment coupable la plupart du temps ;
  • Je sens que je suis puni(e) par la vie ;
  • Je suis dégoûté(e) de moi-même ;
  • Je me blâme constamment de mes défauts ;
  • Je me tuerais si j’en avais la possibilité ;
  • Autrefois, je pouvais pleurer, mais je n’en suis même plus capable aujourd’hui ;
  • Je suis constamment irrité(e) ces temps-ci ;
  • J’ai perdu la plus grande partie de mon intérêt pour les autres ;
  • J’éprouve de grandes difficultés à prendre des décisions de nos jours ;
  • Je crois que mon apparence a subi des changements irréversibles qui me rendent peu attrayant(e) ;
  • Je dois me forcer vraiment très énergiquement pour faire quoi que ce soit ;
  • Je me réveille une à deux heures plus tôt que d’habitude et j’ai du mal à me rendormir ;
  • Je suis trop fatigué(e) pour faire quoi que ce soit ;
  • Mon appétit a beaucoup diminué ;
  • J’ai beaucoup maigri (plus de 5 kg) ;
  • Je suis très inquiet(e) à propos de problèmes physiques et il m’est difficile de penser à autre chose ;
  • Je m’intéresse beaucoup moins aux rapports sexuels.

Si vous êtes concerné par ces propositions, vos réponses sont compatibles avec une dépression, il existe des moyens de vous aider, parlez-en sans tarder à un médecin.

Échelle d’évaluation de la dépression de P. Pichot QD2A

Le questionnaire suivant (de Pichot-Brun) est également utilisé pour le dépistage des "états dépressifs" si vous répondez "vrai" à certaines questions, parlez-en à votre médecin.

Entourez la proposition qui correspond à votre état
Depuis plusieurs semaines :
J’ai du mal à me débarrasser de mauvaises pensées qui me passent par la tête vrai faux
Je suis sans énergie vrai faux
J’aime moins qu’avant faire les choses qui me plaisent ou m’intéressent vrai faux
Je suis déçu et dégouté par moi-même vrai faux
Je me sens bloqué ou empêché devant la moindre chose à faire vrai faux
En ce moment je suis moins heureux que la plupart des gens vrai faux
J’ai le cafard vrai faux
Je suis obligé de me forcer pour faire quoi que ce soit vrai faux
J’ai l’esprit moins clair que d’habitude vrai faux
Je suis incapable de me décider aussi facilement que de coutume vrai faux
En ce moment, je suis triste vrai faux
J’ai du mal à faire les choses que j’avais l’habitude de faire vrai faux
En ce moment, ma vie me semble vide vrai faux

Ref : ESS , QD2A (1984 - Pichot), ADA-Asthénie (1984 - Pichot-Brun).

Questions suggérées par les recommandations néo-zélandaises, 1996 [1] 1996.

  • Envisagez-vous votre avenir ?
  • Pensez-vous souvent à la mort ?
  • Aimeriez-vous mieux être mort ?
  • Avez-vous quelquefois pensé au suicide ?
  • Avez-vous quelquefois essayé de vous tuer en d’autres circonstances ?
  • Comment avez-vous fait ?
  • Comment souhaiteriez-vous vous tuer ?
  • Pensez-vous que vous mettrez ce plan à exécution ?
  • Avez-vous quelquefois pensé à l’effet que votre mort ferait à votre famille ou vos amis ?
  • Qu’est-ce qui vous a empêché d’aller jusqu’au bout de votre désir de mort ?
  • Que pensez-vous du fait d’être encore en vie ?
  • Qu’est-ce qui pourrait vous aider à vous en sortir en ce moment ?
  • Que ressentez-vous du fait de parler de tout cela ?

Remarques :

  • - Un état dépressif réactionnel à un événement de vie douloureux n’est pas forcément une dépression et peut n’être qu’une "tristesse situationnelle" (dès lors que cet état n’est pas permanent depuis au moins 4 semaines).
  • - Un état de fatigue extrême avec réduction de l’activité (d’au moins 50%) qui doit faire évoquer en premier lieu un "syndrome de fatigue chronique" d’autant plus que le sujet cherche en consultant à retrouver la forme.
  • Un tableau de douleurs et de troubles fonctionnels médicalement inexpliqués, encore considérés par le DSMIV (le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition) comme un "trouble conversif" ou un état de "désadaptation au stress" peut faire évoquer une "fibromyalgie" chez un malade qui reste malgré tout très combattif.

Les troubles du sommeil se situent à la frontière des pathologies psychiatriques et des pathologies organiques.
Les notions de chronobiologie et d’efficacité du sommeil permettent d’envisager une nouvelle piste thérapeutique au travers de l’hygiène du sommeil et des "somnicaments".
La prise en charge "somnologique" de ces états frontières pourrait éviter leur aggravation vers une authentique dépression.

À ce stade également, la prise en compte des notions de chronobiologie permet d’améliorer l’efficacité du traitement médicamenteux qui s’impose.

Prise en charge intégrée de la dépression

Les acquisitions récentes dans les domaines des neurosciences et de la chronobiologie devraient, dans un avenir proche, déboucher sur une prise en charge intégrée de la dépression.

  • En Neurosciences :
    La découverte du système des endoCB offre une hypothèse de régulation commune de l’humeur, de l’équilibre alimentaire, de la douleur et du sommeil qui concorde bien avec les faits observés.
  • En Chronobiologie :
    La régulation thermique (et le gradient de température distale et proximale) semble être un bon marqueur du rythme veille-sommeil.
    Les dosages plasmatiques de certaines hormones permettent de mesurer objectivement les états de dissociation interne.
  • En étude clinique expérimentale :
    Les "somnicaments" comme le sport, la lumière, le plaisir, d’une part, et la restriction du sommeil d’autre part, ont fait la preuve incontestable de leur efficacité antidépressive.
    (Cf. "Les Somnicaments").

    "nous vivons dans une société où les gens recherchent le nouveau soda sportif énergisant ou la tasse de café qui leur donnera la force de finir la journée" dit l’auteur tom Puetz. « Mais il se peut que lacer vos chaussures de tennis pour sortir faire un peu d’activité physique chaque matin puisse fournir l’étincelle d’énergie que les gens recherchent."
    (sources:14 nov 06, Sleep revues)

    Ces "somnicaments", remarquables pour leur totale innocuité, devraient faire partie intégrante de l’arsenal thérapeutique de la dépression.
    Ils sont, pour l’heure, malheureusement encore peu connus du corps médical.
    Lire la suite de l’article "Prise en charge intégrée de la dépression"

    Approche thérapeutique : perspectives d’avenir


    Pr Michel Lecendreux ; "Les dépressions chez l’enfant et l’adolescent".

    "Une meilleure connaissance des rythmes veille-sommeil permet d’envisager des perspectives thérapeutiques faisant appel à la manipulation artificielle de ceux-ci.
    Ainsi, les perspectives de privation de sommeil chez l’adulte souffrant de dépression majeure ont montré des résultats particulièrement encourageants puisque, selon certaines études (WU JC, The biogical basis of an antidepressant reponse to sleep deprivation and relaps ; Am J Psychiatry. 1990, 147, 14-21), 60% des sujets répondraient positivement à une privation de sommeil complète ou partielle, avec une amélioration significative de l’humeur, mesurée aux échelles de dépression, dans les jours suivants la privation. Les mécanismes de rechute suite à une privation ne sont pas actuellement élucidés.
    Cependant, le rebond de sommeil observé post-privation, lors de siestes par exemple, aurait un effet dépressogène, en particulier pour le Sommeil Lent.


    Chez l’enfant déprimé, l’utilisation de ces techniques non pharmacologiques pourrait présenter un intérêt à l’avenir. De même, le rôle synchronisateur des rythmes veille-sommeil et en particulier de synchronisateurs forts tels que la lumière dans l’abord thérapeutique de certains troubles (Cf dépression saisonnière).

    De fait, ces techniques ont déjà démontré leur efficacité dans le traitement de dysfonctionnements marqués des rythmes veille-sommeil comme dans le syndrome de retard de phase chez l’adolescent."
    (Source : M.-C. Mouren-Siméoni ; Expansion Scientifique Publication,
    Elsevier Masson- 1997).


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    Quelques liens externes pour en savoir plus...

    [1National Health Committee on Health and Disability. Guidelines for the treatment and management of depression by primary healthcare professionals. Auckland : NHC.