Sommeil et médecine générale

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Troubles du Comportement en Sommeil Paradoxal

"Durant mes rêves, je crie et je bouge tellement fort que je fais peur au voisinage".

mardi 13 février 2007, par guilhem

Le "Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal" (TCSP) est une parasomnie caractérisée par la reprise anormale du tonus musculaire au cours du sommeil paradoxal (phase du sommeil où l’on rêve le plus), ce qui donne lieu à des comportements involontaires surprenants ou parfois violents. Il sont souvent (mais pas toujours) en rapport avec le contenu d’un rêve éventuel.


En dehors de la nuisance qu’ils occasionnent pour l’entourage, ces troubles peuvent être à l’origine d’un déficit de sommeil et doivent donc aussi être évoqués dans le cadre d’un bilan pour une somnolence diurne excessive.
Cf. "Somnolence diurne excessive".

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Hypnogramme normal

Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal

(ou RBD pour "Rem-sleep Behavior Disorder").


Le Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal (TCSP) est une parasomnie caractérisée par la survenue de comportements gestuels pendant le sommeil paradoxal (REM) et fréquemment rattachés à des situations vécues au cours d’un rêve.


Les mouvements typiques sont brusques, brutaux et bruyants.
Le sujet donne un coup de pied ou de poing et parfois saute du lit en criant,
ce qui est potentiellement dangereux pour lui ou son partenaire (le risque d’accident est réel et se repère à l’interrogatoire car le sujet a souvent mis en place des mesures protectrices préventives).
Certaines crises donnent lieu à des situations d’insécurité pendant le sommeil qui peuvent avoir des répercussions familiales.
La consultation est motivée par un accident (chute du lit) ou parce que les proches ont peur de se faire blesser. Ailleurs c’est parce que le dormeur réveille ses enfants (ou ses voisins) par des cris terrifiants ...

L’enregistrement polysomnographique du sommeil (Cf.), (PSG) indique une perte anormale de l’atonie et une activité motrice excessive pendant le sommeil paradoxal.

Le TCSP affecte principalement des hommes après 50 ans, et sa prédominance dans la population générale est estimée autour de 0.5% (une personne sur 200).
Il peut se produire sous une formes aiguë ou chronique (rare ou fréquente).

Forme idiopathique, symptomatique, ou cryptogénique ?

Le TCSP peut être isolé et sans cause connue (TCSP idiopathique), ou être associé à d’autres maladies neuro-dégénératives (TCSP symptomatique) [1].


La forme idiopathique semble représenter jusqu’à 60% des cas rapportés dans la littérature.

Dans la forme symptomatique, les sujets développent, dans les années suivant le diagnostic de TCSP, un syndrome parkinsonien et/ou une forme de démence, alors que d’autres resteront bénignes pendant des décennies.


Les études récentes ont mis en évidence certains dysfonctionnements neurologiques présents pendant l’éveil et le sommeil tels qu’un affaiblissement de l’activité corticale, des déficits neuropsychologiques spécifiques, des signes de dystonies neurovégétatives, un déficit de la discrimination colorée, et un affaiblissement olfactif.


La notion de "TCSP idiopathique" (Idiopathique : qui n’a pas de cause connue ou identifiée) est actuellement remise en question et l’utilisation du terme moins limitatif de "TCSP cryptogénique" (Cryptogénique : dont la cause est cachée ou invisible), a été proposée pour évoquer la possibilité d’une maladie silencieuse et susceptible de se révéler par la suite.

Diagnostic différentiel :

  • Les terreurs nocturnes qui surviennent fréquemment chez le jeune enfant sont des parasomnies bénignes (du sommeil lent) qui ne sont pas pathologiques et ne justifient que des mesures d’hygiène du sommeil.
  • Épilepsies "morphéique".
    L’analyse de l’électro-encéphalogramme au cours du sommeil permet de diagnostiquer certaines formes particulières d’épilepsie nocturne qui peuvent passer pour des parasomnies.
    La présence de "pointes" ou de "poly-pointes-ondes" sur le tracé EEG associée à des mouvements répétitifs et stéréotypés est caractéristique de cette forme d’épilepsie autrefois dite "morphéique" parce que les crises surviennent uniquement lors du sommeil.


    NB. Les "Dyskinésies Paroxystiques Nocturnes" sont considérées comme des phénomènes épileptiques mineurs de même nature.
    (Lien externe)Voir ("Épilepsie et sommeil : des interactions réciproques" ; Dr Arielle Crespel, Dr Philippe Gélisse, Pr Michel Baldy‐Moulinier).

  • Somnambulisme.
    Il est parfois très difficile de distinguer les TCSP avec le somnambulisme qui, lui, survient exclusivement en sommeil lent profond.


    Les enregistrements polysomnographiques couplés à la vidéo ne sont pas toujours suffisants pour trancher, au début de la maladie, et ce d’autant plus que le traitement est souvent identique (on conseille de faibles doses de benzodiazépines comme le rivotril).
    Voir l’article Paralysie et hallucinations du sommeil

  • Effets indésirables des somnifères
    Il ne faut pas confondre ces parasomnies Cf. avec certains comportements somnambuliques complexes induits par les nouveaux somnifères (comme le célèbre Zolpidem, qui est leader sur le marché Français avec plus de 50 millions de boite par an. Cf. Observatoire des Drogues ->http://www.ofdt.fr/]).
    Ces "médicaments de l’insomnie" (sic) sont fortement mis en cause dans certaines formes de somnambulisme délictueux.
    Selon nous, cela semble bien avoir été le cas pour le présentateur de télévision J.L. Delarue, probablement victime dans un avion long courrier d’une "Nonox partie" bien involontaire [2].
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    Lefigaro.fr du 28 mars 2007


    Remarque générale sur "l’ivresse du réveil"


    On qualifie parfois de syndrome d’Elpénor, les épisodes d’éveil confusionnel survenant au cours d’un sommeil très profond. Ces phénomènes parfois suivit d’un endormissement et avec amnésie totale au prochain réveil, ne sont pas exceptionnels.
    Ils surviennent d’autant plus que le sujet est soumis à une pression de sommeil excessive (dette de sommeil, somnifères), et que le réveil soit provoqué au cours du sommeil lent profond (c’est à dire peu après l’endormissement).
    On s’est tellement amusé de la mésaventure du Président Pyjama que cela lui aurait coûté son élection. "Dans la nuit du 23 au 24 mai 1920, le Président de la République Paul Deschanel s’est retrouvé sur les quais d’une gare en pyjama et à été la risée de la France entière à cause d’un somnifère". (Cf. Doc).
    Dans d’autres circonstances, cela peut donner lieu à des accidents dramatiques. C’est l’origine des conduites à contre-sens sur auto-route au sortir d’une aire de repos par exemple. Le conducteur trop somnolent qui s’arrête pour dormir est un sujet à risque s’il se réveille brutalement (par un bruit de klaxon...).
    Nb. sur la route, la pause ne devrait pas être une sieste ! (voir l’article "Fatigue ou somnolence ? la sieste ou la récré ?").

    Noter que la réglementation du temps de repos à bord des avions long-courriers impose aux pilotes, après leur sieste, un délai minimum d’éveil de 15 minutes avant de reprendre les commandes (Cf. "Travail de nuit").



    Voir également l’article Risques des nouveaux somnifères : les "nonox parties" involontaires ?

Voir les articles connexes :
- "Parasomnies" (somnambulisme, énurésie, bruxisme, etc ...).
- "Sexsomnies" (des phénomènes à mieux connaître...).
- "Signification du rêve (que penser de la présence des rêves... ).


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Quelques liens externes pour en savoir plus...

[1Le TCSP est particulièrement fréquent dans les maladies neuro-dégénératives appelées alpha-synucléinopathies, qui incluent la maladie de Parkinson, la démence à corps de Lewy et l’atrophie multiple systémique.

[2Nous avons coutume de qualifier ces crises confusionnelles liées au Zolpidem : le "Syndrome Delarue".
Elles donnent parfois lieu a des anecdotes "amusantes" comme celle -authentique- de ce gynécologue qui ne se rappelait plus, au matin, qu’il avait déjà aidé sa patiente à accoucher dans la nuit).
Ailleurs, c’est uniquement l’entourage qui trouve que "la grand-mère crie et rêve beaucoup (en début de nuit) depuis qu’elle prend le nouveau somnifère", et tout rentre dans l’ordre lors du retour à la médication antérieure.